Opportunités économiques et développement durable en province Sud: Un environnement propice aux investissements et au tourisme.
1. Pouvez-vous nous donner une aperçu de l’économie de la province Sud et de ces opportunités?
La province Sud de la Nouvelle-Calédonie se distingue comme étant la région la plus urbanisée et la plus développée parmi les trois provinces de l'archipel. Elle concentre à elle seule 91% de la fiscalité du territoire, avec sa capitale, Nouméa, qui incarne en quelque sorte une enclave de la France dans le Pacifique. Nouméa offre le tableau d'une métropole où se côtoient harmonieusement diverses cultures, offrant ainsi une expérience urbaine comparable à celle des villes européennes.
Les opportunités qu'elle présente sont diverses et variées.L'industrie minière occupe une place prépondérante dans l'économie régionale, malgré les défis qu'elle a pu rencontrer. Elle génère une activité conséquente, notamment en termes de maintenance et de métiers spécialisés, avec le nickel comme principal moteur, représentant près de 20% de l'activité économique. Parallèlement, les services et les activités maritimes connaissent un essor notable, bien que ces dernières ne soient pas encore pleinement développées.
Le secteur de la construction se distingue également par sa vitalité et son dynamisme. Dans l'ensemble, la province Sud présente une diversité économique équivalente à celle d'une collectivité de taille moyenne en métropole, avec le nickel occupant une position singulière au sein de cette économie.
2. Quelles sont les principales stratégies de la Province Sud pour lutter contre le ralentissement économique et promouvoir un développement durable du PIB ? Quels sont vos objectifs pour l'année 2024 ?
La province Sud, tout comme l'ensemble du territoire, a connu une période prolongée marquée par une instabilité politique, ponctuée de référendums successifs ayant eu des répercussions défavorables sur son économie. Toutefois, cette phase tumultueuse a pris fin récemment avec l'adoption d'une réforme constitutionnelle. Aujourd'hui, la province Sud, tout comme le reste de la Nouvelle-Calédonie, s'engage dans une étape cruciale de construction de son projet sociétal. Cette démarche équivaut à un renouveau, après trente années durant lesquelles les Calédoniens se sont focalisés sur l'avenir de leur territoire au sein de la République française.
Cette nouvelle phase requiert la mise en place d'une économie renouvelée, reposant sur des bases solides tout en accordant une importance particulière à l'autonomie alimentaire, domaine dans lequel un déficit de souveraineté est actuellement observé. Le développement des énergies renouvelables occupe également une place prépondérante, notamment pour soutenir les industries telles que celle du nickel, avec des projets d'envergure. Par ailleurs, les atouts géographiques et la qualité de vie exceptionnelle de la région offrent des opportunités uniques pour attirer des talents et des investissements, aussi bien nationaux qu'internationaux.
Dans cet environnement favorable, la Nouvelle-Calédonie se positionne comme un lieu propice au développement de secteurs économiques variés, allant de l'économie maritime à l'économie numérique. Cette perspective, combinée à un cadre de travail et de vie attrayant, constitue un atout majeur pour stimuler la croissance économique et attirer de nouveaux acteurs.
3. Quel est votre plan pour promouvoir le tourisme dans la province Sud et attirer les visiteurs nationaux et internationaux ?
Le développement du tourisme en Nouvelle-Calédonie demeure un objectif important, bien que les progrès réalisés jusqu'à présent restent insuffisants pour répondre pleinement aux attentes. La stratégie touristique calédonienne se distingue par une orientation vers des segments spécifiques plutôt que vers un tourisme de masse, en accord avec les préférences de la population locale et les caractéristiques structurelles du territoire. Notre approche repose ainsi sur la promotion de niches touristiques, qui, bien que qualifiées ainsi, représentent en réalité des marchés substantiels en raison des atouts remarquables dont dispose la région.
À titre d'exemple, récemment, nous avons eu l'occasion d'échanger avec l'équipe de l'émission Échappée Belle, dont le reportage à paraître en juin mettra en lumière l'île des Pins, un véritable joyau de préservation où la main de l'homme se fait discrète et où l'intimité des lieux est préservée.Cette préservation de l'environnement naturel offre une expérience touristique unique, loin de l'affluence habituelle rencontrée dans d'autres destinations. Les paysages exceptionnels, les plages préservées et les activités variées telles que la pêche à la mouche et la découverte de la biodiversité locale constituent des points forts que nous nous efforçons de mettre en valeur davantage.
Par ailleurs, la Nouvelle-Calédonie dispose d'infrastructures hôtelières de qualité ainsi que d'équipements sportifs, comme les golfs renommés et les pistes cyclables offrant des panoramas naturels remarquables. La préservation de la biodiversité, tant marine que terrestre, constitue également un argument de choix pour les voyageurs en quête d'authenticité et de respect de l'environnement. Actuellement, des efforts sont déployés pour mieux identifier et promouvoir ces atouts touristiques, principalement au niveau provincial. Il est indéniable que la préservation de l'environnement visuel de la Nouvelle-Calédonie constitue un élément attractif pour les voyageurs en quête d'expériences uniques, loin des destinations touristiques traditionnelles.
4. Pouvez-vous nous parler des efforts de conservation de l'environnement entrepris par votre administration ?
La Nouvelle-Calédonie, avec son lagon, figure parmi les sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. La province sud abrite notamment un nombre important de réserves marines, destinées à la protection des écosystèmes marins, des poissons, des îlots et des espèces aviaires. Ces réserves contribuent à préserver une biodiversité exceptionnelle et des espèces de poissons rares, introuvables ailleurs. Les récifs coralliens, qui font partie intégrante de ces réserves, demeurent préservés des phénomènes tels que le blanchiment et de l'impact humain direct, offrant ainsi des habitats similaires à des aquariums naturels.
Par ailleurs, des mesures strictes sont appliquées aux usines de nickel pour limiter leur impact sur l'environnement. Les normes imposées garantissent que les rejets dans la nature sont fortement filtrés, préservant ainsi la qualité des écosystèmes environnants. Ces efforts de préservation de l'environnement sont soutenus par des outils de protection environnementale rigoureux, qui, bien que contraignants, contribuent à maintenir la Nouvelle-Calédonie dans un état de préservation environnementale remarquable.
5. Quelles politiques ont été mises en place par la province Sud pour attirer des investissements directs étrangers ? Quels secteurs ont le plus besoin d’investissements et de talents ?
Tout d'abord, il est important de souligner que la Nouvelle-Calédonie a été confrontée à plusieurs crises, notamment la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la crise économique touchant le secteur du nickel, ainsi que des turbulences politiques. Ces événements ont entravé nos efforts en matière de développement et d'investissement. Cependant, malgré ces difficultés, des mesures ont été prises pour faciliter l'investissement dans la région. Un bureau des investisseurs a été mis en place afin d'accompagner les investisseurs potentiels et de leur fournir les informations nécessaires sur le fonctionnement administratif de la Nouvelle-Calédonie.
En ce qui concerne l'attraction des talents, un dispositif a été instauré pour prendre en charge les charges sociales des talents calédoniens pendant une période de 18 mois à leur retour. Initialement prévu pour les résidents calédoniens, ce dispositif est désormais ouvert à tous, offrant une aide financière équivalant à 75% du salaire des 18 premiers mois pour les diplômés de niveau bac +5 ou plus.Ces éléments démontrent les efforts entrepris pour surmonter les obstacles et promouvoir le développement économique et social de la Nouvelle-Calédonie, dans un contexte marqué par des défis multiples et la recherche d'un avenir plus prospère.
6. Les subventions de la métropole envers la Nouvelle-Calédonie représentent environ 13% du PIB calédonien (soit 1,3 milliard d'euros), tandis que la métropole contribue à hauteur de 35% des touristes arrivant sur le territoire en 2023. Quel est le rôle de l'État français dans le développement de la Province Sud ? Et comment la métropole peut-elle renforcer ses relations avec la Nouvelle-Calédonie ?
Effectivement, le rôle de l'État en Nouvelle-Calédonie demeure prépondérant et indispensable. Sans les transferts financiers de l'État, la Nouvelle-Calédonie aurait certainement du mal à maintenir son fonctionnement actuel. Cependant, il convient de souligner que l'État intervient principalement en tant qu'accompagnateur, laissant les compétences économiques et fiscales aux autorités locales. Dans les prochains mois, des mesures fiscales seront mises en place pour attirer les investisseurs souhaitant s'implanter en Nouvelle-Calédonie, afin de stimuler le développement économique de la région.À cet égard, après la réforme constitutionnelle, il serait judicieux que l'État mette en œuvre une politique ambitieuse de grands travaux.
Nous plaidons pour un plan de relance incluant des projets d'infrastructures majeures, tels que la construction de routes principales jusqu'à l’aéroport de la Tontouta, des barrages importants et d'autres infrastructures stratégiques. Malgré son aspect moins attrayant, la récente construction de la prison illustre déjà cette dynamique. L'idée est donc de voir émerger une politique de grands travaux en parallèle avec notre propre plan de relance, afin de favoriser le développement économique et social de la Nouvelle-Calédonie.
7. Quelle est votre vision sur le développement de la Nouvelle-Calédonie d’un point de vue politique et économique sur les années à venir ?
Je suis d'avis qu'il est impératif d'entreprendre un véritable aménagement du territoire en Nouvelle-Calédonie. Actuellement, toute l'attention est portée sur la capitale, Nouméa, et la province Sud, laissant dans l'ombre les disparités de développement présentes même au sein de cette province. Il est crucial d'agir, notamment en ce qui concerne la souveraineté alimentaire.Nous devons mettre en place des projets de transformation, tant au niveau agricole qu'industriel, pour réduire notre dépendance aux importations.
Notre marché étant de taille modeste, nous sommes vulnérables aux fluctuations du marché international, ce qui nous place en position de faiblesse lors des négociations.Ainsi, nous lançons actuellement une étude sur l'industrie locale afin d'identifier les secteurs où nous pouvons opérer des transformations rentables et ceux où cela serait moins opportun, nécessitant ainsi de continuer les importations. Nous cherchons également à mettre en place des industries correspondant à nos besoins, à l'échelle de la province Sud. Par ailleurs, il est primordial de répartir les efforts sur l'ensemble du territoire de la province Sud, y compris dans les petites communes telles que Bourail et La Foa. L'objectif est de rééquilibrer le développement économique et social au sein de la province sud, en investissant dans des secteurs clés tels que l'industrie, le numérique, et bien d'autres encore.
8. Quels sont les projets majeurs de la province Sud sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
Nos investissements annuels s'élèvent à 12 milliards de CFP. Actuellement, nous concentrons nos efforts sur plusieurs projets d'envergure, tels que le développement du parc des Grandes Fougères à Farino, qui vise à créer un pôle touristique attractif dans la région. Nous avons également engagé des investissements significatifs dans le domaine touristique à Deva, comprenant la construction d'un ponton et d'autres infrastructures destinées à améliorer l'expérience des visiteurs. De plus, nous prévoyons la mise en place d'un parc aquatique dans nos villes, ainsi que des travaux d'aménagement urbain et routier.
9. Quelle est votre message final aux lecteurs du Point qui envisagent la Nouvelle-Calédonie et la Province Sud comme une destination potentielle d’investissement et de tourisme ?
L'un des principaux atouts de la Nouvelle-Calédonie réside dans son statut de territoire français. Cela se traduit notamment par la présence des mêmes marques et standards qu'en métropole, offrant ainsi un environnement familier aux résidents. Cependant, ce qui distingue la Nouvelle-Calédonie, c'est son cadre de vie exceptionnel et la qualité de vie qu'elle offre, grâce à son emplacement dans le Pacifique et sa culture moins stressante.Ici, nous bénéficions de tous les avantages : pas d'embouteillages, un système de transport fluide, un environnement naturel préservé, et une stabilité politique retrouvée. C'est pourquoi nous considérons que c'est le moment idéal pour investir, car dans quelques années, les opportunités pourraient se réduire.Nous sommes convaincus que c'est maintenant qu'il faut agir et lancer de nouveaux projets.