Promouvoir l'économie et l'innovation en Nouvelle-Calédonie à travers trois secteurs clés : l'économie maritime, la transition énergétique et le numérique. Objectif : diversification, énergies renouvelables et attractivité des investissements pour un développement durable.
1. En tant que ministre chargé de l'économie de la mer, quelles sont vos priorités pour stimuler l'innovation et la croissance dans ces secteurs en Nouvelle-Calédonie ?
Sur le secteur de l'économie de la mer, nous sommes vraiment déterminés à en faire une source de diversification. C'est précisément l'objectif des assises de l'économie de la mer indo-pacifique que nous avons organisées à la fin de l'année dernière. L'objectif était de mettre en avant à la fois le développement local que nous pouvons réaliser dans le domaine maritime, ainsi que la coopération régionale et l'accès indo-pacifique, avec nos amis de la Réunion qui ont participé.
Les principaux projets liés à l'économie de la mer comprennent le développement d'un pôle maritime et d'un pôle d'excellence. Il y a quelques années, ce pôle était concentré sur un seul site, la baie de Nimbo, qui représente l'ancien centre historique du développement maritime en Nouvelle-Calédonie, avec des charpentiers de marine et autres activités connexes.
Cependant, nous avons décidé de répartir cette capacité maritime sur plusieurs sites. À Nimbo, nous prévoyons des activités de services maritimes avec la possibilité d'attribuer des terrains à des entreprises pour développer ces services. Nous avons déjà procédé au nettoyage de la baie de Nimbo, où nous avons retiré plus d'une trentaine d'épaves, dont certaines datant de la Seconde Guerre mondiale, comme un vieux chalutier américain recyclé par ne entreprise locale, ce qui a créé des emplois.
Nous prévoyons également de développer des activités liées aux services maritimes dans cette zone. À la station N et au port, nous envisageons de développer une zone axée sur la connaissance et l'innovation. La station N accueille des startups, lance des appels à projets et promeut le savoir-faire calédonien dans le domaine de la "blue tech", qui offre un avantage comparatif intéressant.
La station N deviendra ainsi l'épicentre de ce pôle de connaissances, en collaboration avec l'université et l'école des métiers de la mer situées à proximité. Nous avons également annoncé la construction d'un cadet scientifique, confirmé par le président de la République lors de sa visite en juillet dernier, afin que la Calédonie devienne une base scientifique pour les bateaux opérant dans la région.
Nous sommes actuellement en train de recenser les besoins des navires nationaux et étrangers en matière de recherche scientifique, afin de planifier leur venue en Nouvelle-Calédonie et de répondre à leurs besoins en termes d'infrastructures dans le cadre de ce vaste projet de développement et de recherche.
Un autre volet concerne le démantèlement et le nettoyage des navires, avec la modernisation de la cale de halage et la création d'une zone dédiée au démantèlement des anciens patrouilleurs de l'armée, ce qui serait une première pour l'outre-mer français. Cela permettra de réduire l'empreinte carbone en traitant ces navires localement, tout en créant des emplois.
Enfin, nous prévoyons de développer une infrastructure dans la petite rade de Nouméa pour accueillir des bateaux de grande plaisance et renforcer notre attractivité touristique, en mettant en valeur les attraits exceptionnels de la Calédonie et en renforçant notre positionnement en tant que plateforme logistique maritime privilégiée dans la région indo-pacifique.
En résumé, nos priorités actuelles en matière maritime sont axées sur les services, l'attractivité, la connaissance et le progrès, et nous sommes sur la bonne voie pour les réaliser.
2. Comment la Nouvelle-Calédonie investit-elle dans les technologies numériques pour favoriser l'innovation, encourager l'entrepreneuriat et améliorer les services publics ?
Dans le domaine numérique, nous avons entrepris une série d'actions visant à dynamiser l'écosystème des startups et à promouvoir l'innovation technologique en Nouvelle-Calédonie. Nous avons créé un environnement propice à l'émergence et à la croissance des startups, en mettant en place diverses mesures incitatives telles que des avantages fiscaux et des appels à projets spécifiques dans des domaines d'avenir tels que la green tech et la blue tech.
Cette initiative a rencontré un succès remarquable, se traduisant par une augmentation significative du nombre de startups dans la région. Nous sommes passés d'une dizaine de startups à plus de 60 actuellement, ce qui démontre l'engagement et le potentiel de croissance de notre écosystème numérique.
Notre objectif est maintenant de consolider cette croissance et de passer à une phase d'accélération, en offrant un soutien renforcé aux startups qui présentent un fort potentiel de développement. Nous travaillons activement à renforcer les compétences numériques locales et à attirer les talents dans le domaine de la technologie, en mettant en place des programmes de formation spécialisés et des incitations à l'installation en Nouvelle-Calédonie.
En parallèle, nous nous efforçons d'améliorer l'infrastructure numérique de la région afin de faire de la Nouvelle-Calédonie un véritable hub technologique dans le Pacifique. Cela comprend le développement de réseaux de communication de pointe, tels que des routes de câbles sous-marins et des data centers, ainsi que des initiatives visant à promouvoir les énergies renouvelables dans le secteur numérique.
En ce qui concerne la régulation et la gouvernance, nous travaillons à mettre en place un cadre réglementaire moderne et efficace qui favorise l'innovation tout en assurant la protection des consommateurs et la concurrence équitable. Nous envisageons également d'ouvrir progressivement le marché à la concurrence, ce qui permettra d'attirer de nouveaux acteurs et de stimuler l'innovation dans le secteur des télécommunications et des technologies de l'information.
En résumé, notre stratégie dans le domaine numérique repose sur cinq piliers : le soutien aux startups, le renforcement des compétences, le développement de l'infrastructure, l'amélioration de la régulation et de la gouvernance, et l'ouverture progressive du marché à la concurrence. Nous sommes convaincus que ces efforts contribueront à positionner la Nouvelle-Calédonie comme un acteur majeur de l'innovation technologique dans la région indo-pacifique.
3. La transition énergétique est un enjeu majeur à l'échelle mondiale. Quelles sont vos stratégies pour accélérer ce processus en Nouvelle-Calédonie et promouvoir l'utilisation des énergies renouvelables ?
Dans le domaine de la transition énergétique, la Nouvelle-Calédonie s'est engagée depuis plusieurs années à devenir un leader dans le Pacifique en matière d'énergies renouvelables. Les chiffres des autorisations démontrent notre engagement envers cette transition. Au cours des trois dernières années, nous avons autorisé l'installation de 580 mégawatts de capacité photovoltaïque, soit plus de la moitié de ce qui a été autorisé dans toute la France pendant la même période, ce qui souligne notre volonté d'accélérer cette transition. Notamment en autorisant la plus grande ferme solaire de France ainsi que la plus grande ferme avec stockage, et nous avons récemment autorisé la plus grande batterie de France et d'Europe en Nouvelle-Calédonie. Cette transition énergétique est motivée par plusieurs facteurs, notamment notre sensibilité aux énergies fossiles, comme l'a montré la crise du Covid, ainsi que notre volonté de positionner le secteur du nickel vers une production plus verte, en réponse aux attentes croissantes des constructeurs automobiles en matière de traçabilité et de pratiques environnementales.
Notre plan de transition énergétique se déploie en plusieurs phases. Tout d'abord, nous avons lancé un développement massif du photovoltaïque, avec pour objectif d'autoriser jusqu'à 1200 mégawatts dans les 10 prochaines années. Ensuite, nous investissons dans des stratégies de stockage, notamment avec la mise en place de la plus grande batterie qui devrait être opérationnelle l'année prochaine, ainsi que dans la négociation du financement d'une station de transfert d'énergie par pompage (STEP), qui permettra un stockage à plus long terme et favorisera la relance économique.
Enfin, nous travaillons sur la partie énergétique liée à la puissance garantie, visant à atteindre 70% d'énergie renouvelable dans notre mix énergétique d'ici 2030. Pour les 30% restants, nous explorons des options décarbonées telles que le gaz naturel et l'hydrogène vert. Notre objectif est d'atteindre 100% d'énergie renouvelable pour la distribution publique dès l'année prochaine marquant ainsi notre engagement envers un avenir énergétique durable et décarboné pour la Nouvelle-Calédonie.
4. Les zones franches peuvent jouer un rôle crucial dans le développement économique. Comment comptez-vous optimiser leur fonctionnement en Nouvelle-Calédonie pour attirer les investissements et créer des emplois ?
Nous avons pris la décision d'autoriser deux zones franches dans la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie. Une de ces zones se situe à La Coulée, dans le sud du territoire, tandis que l'autre se trouve à Ouano, au cœur de la Nouvelle-Calédonie. L'objectif de ces zones franches est de stimuler le développement économique dans des zones qui sont souvent négligées par les entreprises, que ce soit en raison de leur éloignement géographique.
Le dispositif des zones franches est particulièrement incitatif, offrant des avantages fiscaux considérables aux entreprises qui s'y installent. Par exemple, pendant les cinq premières années, il n'y a pas de charges sociales ni d'impôt sur les sociétés. L'objectif principal est d'attirer à la fois des entreprises locales et étrangères pour créer des emplois et revitaliser ces zones.
5. Quels sont les projets phares actuellement développés par l'ACE pour diversifier le mix énergétique de la Nouvelle-Calédonie ?
Notre mission principale est de promouvoir la transition énergétique dans tous les secteurs de l'économie. Si la partie liée au nickel et à la transition énergétique relève davantage du gouvernement, d'autres aspects, tels que le développement de l'écomobilité et le déploiement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques, sont pris en charge par notre agence.
Nous avons récemment obtenu un financement européen de 35 millions d'euros sur cinq ans, ce qui nous permet de soutenir une variété d'initiatives, notamment la mise en place de bonus pour les véhicules électriques, le déploiement de bornes de recharge et la promotion de la maîtrise de l'énergie à travers des programmes de diagnostics énergétiques, des audits et des financements de travaux pour les entreprises.
Nous sommes actuellement en train de travailler sur des initiatives liées à l'hydrogène, bien que celles-ci ne soient pas encore finalisées. Notre objectif est de continuer à soutenir le développement durable et l'efficacité énergétique en Nouvelle-Calédonie, en collaborant avec les acteurs locaux et en mettant en œuvre des solutions innovantes pour répondre aux défis énergétiques de notre territoire.
6. Pouvez-vous nous en dire plus sur le Choose New Caledonia summit ?
Dans notre démarche visant à favoriser l'attractivité de la Nouvelle-Calédonie, nous avons décidé de nous positionner comme une capitale French Tech du Pacifique. Nous avons déjà signé un protocole d'accord avec les French Tech d'Australie, de Nouvelle-Zélande et de Polynésie, ce qui place la Nouvelle-Calédonie au centre de ce développement dans la région.
Pour concrétiser cette ambition, nous prévoyons d'organiser un sommet intitulé "Choose New Caledonia" sur le thème de l'énergie, où nous mettrons en avant les opportunités d'investissement dans notre territoire. Nous souhaitons également promouvoir les entreprises calédoniennes spécialisées dans le domaine de l'énergie, notamment celles qui proposent des solutions innovantes adaptées aux milieux insulaires, comme nous avons pu le constater avec le stand d'Engie à VivaTech, où leur modèle d'innovation de stockage énergétique pour les milieux insulaires a été développé en collaboration avec des entreprises calédoniennes.
Un autre volet de notre démarche concerne le secteur maritime, où nous avons la même volonté de développement. Dans le cadre du sommet "Choose New Caledonia", nous accueillerons également la deuxième édition des French Tech Days Outre-mer, réunissant les différentes French Tech du Pacifique en Nouvelle-Calédonie.
Ce sommet est prévu pour le mois de septembre, bien que les dates exactes ne soient pas encore fixées. L'objectif est également d'inviter des délégations de la Réunion et d'autres territoires français, ainsi que des pays étrangers tels que l'Australie, Singapour et la Nouvelle-Zélande, afin de démontrer les opportunités de développement en Nouvelle-Calédonie, au-delà du secteur du nickel.
7. Quelle est votre message final aux lecteurs du Point qui envisagent la Nouvelle-Calédonie comme une destination potentielle d’investissement ?
La Nouvelle-Calédonie offre une qualité de vie exceptionnelle, combinant un environnement spacieux et des possibilités de loisirs variées, avec des infrastructures et des entreprises dignes d'un pays développé. Ainsi, choisir la Nouvelle-Calédonie, c'est bénéficier de tous ces avantages réunis dans un seul territoire.